Par Ali Bouallou
Comme Socrate dont l’œuvre a été transmise par Platon et d’autres disciples, Epictète n’a absolument rien écrit de ses mains. Son lègue a été retranscrit par l’un de ses disciples, Flavius Arrien. Ce dernier a repris l’ensemble des aphorismes d’Epictète pour constituer le Manuel, une version condensée composée de quatre livres des huit livres des Discours d’Epictète.
Dans le Manuel d’Epictète, le bonheur désigne l’indépendance vis-à-vis des circonstances extérieures et le détachement à l’égard des choses. Epictète estime qu’il ne faut attendre le bien ou le mal, et ne désirer, que ce qui dépend de soi-même. L’homme ne doit accepter que les choses qui peuvent cheminer à son bonheur.
La philosophie d’Epictète a des principes simples. Donner à l’être humain son propre pouvoir et sa responsabilité. Se détacher du désir d’être constamment dans la maitrise. Quitter la peur de voir quelque chose ou quelqu’un nous échapper. Vivre en accord et en harmonie avec la nature et la raison pour parvenir à la sagesse et au bonheur. Modifier les jugements négatifs tels que l’angoisse, la haine, l’aversion ou la mort de telle sorte à ce qu’ils acceptent ce qui se présente.
En d’autres termes, malgré la non-maitrise des causes, l’être humain se doit de contrôler ses représentations et saisir que les choses ne peuvent et ne doivent en aucun cas l’atteindre. Seuls ses jugements sur ces choses le peuvent car il en a la totale maîtrise.
Epictète nous apprend l’invincibilité par la pensée « tu peux être invincible si tu ne t’engages dans aucune lutte où il ne dépend pas de toi d’être vainqueur ».
Il nous apprend également le silence « sois le plus souvent silencieux. Ne dis que ce qui est nécessaire, et en peu de mots ».
C’est grâce à ces percepts stoïciens, enseignés par un professeur de philosophie, qu’un pilote américain, du nom de James Bond Stockdale, a pu rester en vie pendant 7 ans et demi de captivité au Vietnam où il a subi l’humiliation et toutes sortes de tortures dont la pendaison inversée.
Ses jambes seront cassées par les Viêt-Congs, comme fût Epictète par son maitre. Stockdale se répétait alors certains passages du Manuel “La claudication est une gêne pour la jambe, pas pour le choix de vie”.
Il se remémorait aussi la phrase “Souviens-toi que tu es un acteur dans une pièce. Ce qui t’appartient, c’est de bien jouer le rôle qui t’a été donné”. Il se disait qu’ils pouvaient détruire son corps mais qu’ils n’auraient pas son âme.
Stockdale a eu droit à l’isolement pendant 4 ans. Malgré la poésie et le sport au quotidien, il s’automutile et fait une tentative de suicide, une attitude stoïcienne également puisque le suicide est considéré comme l’ultime liberté.
Embarrassés car Stockdale était le plus gradé du groupe de prisonniers, les officiels Viêt-Congs ne l’ont plus jamais torturé.
Stockdale sera libéré après un cessez-le-feu en 1973. Le Manuel d’Epictète lui aura épargné la vie !
“Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre” alors soyons Epictète et restons sereins en toute circonstance.